Consommer autrement

Ce matin, chose fort rare, je suis allée au supermarché. Rien de bien intéressant pour vous j’en conviens, mais attendez la suite.

Comme je n’y fais plus mes emplettes, et que je ne m’y rends que pour de rares achats incontournables (genre pile pour lampe frontale, tire bouchon …), j’en arrive à être effarée du contenu des caddies de mes voisins de caisse.

Car évidemment, on trouve de tout au supermarché. Des oeufs, du pain, de l’huile d’olive (tiens ! 8 euros LE LITRE ! Oh même 5 euros ! Qui dit mieux ?), de la salade, du fromage, du vin …

Et je me souviens même qu’il m’est arrivé aussi il fut un temps d’acheter mes salades et mon vin au supermarché !

Et pourquoi ? Par ignorance d’une part, pour aller plus vite d’autre part, et pour finir en pensant faire des économies.

J’en ai discuté avec une dame qui attendait avec moi à la caisse. Dans son caddie, mâche sous vide, oeufs bio(sic), rosé de la cave de Trucmuche, un ou deux plats préparés et bâtons de Surimi. Cette dame me confie qu’en effet, elle se doute que c’est pas le meilleur mais qu’elle n’a pas le temps d’aller faire ses courses à la ferme, pas le temps de cuisiner, et qu’ici, le vin est moins cher que chez le producteur (sur ce dernier point, je ne peux qu’acquiescer, une bouteille à 3,50 euros, pour le moment je ne peux pas la sortir).

Je ressors de là avec une curieuse impression … Combien sont-ils, toutes les semaines, comme cette femme, à remplir en vitesse un caddie dont ils savent bien que ce n est pas « l’idéal », par manque de temps, d’envie, d’information … ?

Combien les choses seraient différentes si … Si quoi, d’ailleurs ? Si les rythmes de vie étaient différents ? Pour qu’on ne dise plus « je n’ai pas le temps d’aller à la ferme » ? Mais n’a t-on d ailleurs vraiment pas le temps ? Ou ne le prend t-on pas ?

Je crois que ce n’est plus trop un réflexe. Bien que l’engouement pour les « boutiques paysannes », tenues par les producteurs, et qui permettent de regrouper les productions des paysans alentours, soit un signe encourageant d’une volonté de changer de mode de consommation.

Mais tout de même … Soyons francs : nous sommes producteurs d’huile d’olive et de vins. Nous vendons au domaine, nous avons un petit point de vente facilement accessible, au bord de la route, un panneau avec mon numéro de téléphone dessus à l’entrée du domaine, un site internet … Mais qui, de Cabrières ou du Clermontais, vient acheter chez nous son huile d’olive et son vin ? Honneêement, et sans jeter la pierre à personne, je dois constater que je peux actuellement les compter sur les doigts de mes mains (une seule main va même suffire). Le problème est là. Voilà pourquoi les fins de mois sont difficiles, voilà pourquoi on ouvre ses factures avec un noeud à l’estomac, voilà pourquoi on demande en regardant ses pieds à payer certaines choses en 5 ou 6 fois, voilà pourquoi parfois, on se demande, mais pourquoi on fait ce métier ?

Nos vins voyagent, c’est très bien. Nous sommes très contents que nos bouteilles partent un peu partout, très flattés d’être à la carte de certains restaurants que nous admirons, très flattés d’avoir été choisis chez certains cavistes … Et vraiment je trouve ça super l’idée que nos petites bouteilles soient bues un peu partout maintenant. Je crois même que c’est un peu pour nous un « aboutissement ».

Mais franchement, ça nous ferait très, très plaisir aussi de voir que nos bouteilles, que ce soit pour l’huile d’olive ou le vin, puissent aussi rester un peu chez elles, être appréciées par des gens du coin qui me diraient en buvant une de nos bouteilles « ah oui, ça, c’est tout à fait un Cabrières !  » que quelqu’un du terroir boive de son terroir ça serait chouette.

Parfois quand je reve un peu, j’imagine combien notre vie pourrait être différente si ne serait ce que la moitié des gens du Clermontais qui achètent leurs vins et huile d’olive en supermarché venaient chez nous se fournir …

Mais malheureusement il y a peu de chances que cela arrive.

Vous savez, si je boycotte les grandes surfaces, ce n’est pas seulement pour manger mieux, plus sain et toussa toussa.

Bien que évidemment, comme tout le monde j’en avais marre de bouffer des E 120, E 141, des OGM et des additifs aux noms plus barbares les uns que les autres.

Mais c’est surtout que je voulais changer de mode de consommation. Faire, comme dirait Pierre Rabhi, ma « part du colibri ».

Acheter les oeufs à la ferme, les légumes aux paysans de ma boutique paysanne toute proche, la viande d’un éleveur d’à coté … Et j’ai découvert des gens formidables, des sourires, de la convivialité …  J’ai découvert que faire les courses n’était plus la corvée bruyante dont on ressort énervés et fatigués, qu’on pouvait y prendre plaisir, faire de belles rencontres, apprendre des choses et même être content d’y aller ! Que ça ne prend pas plus de temps que les 1h30 ou 2h00 passés entre trajet, parking, rayons bondés et caisses bouchonnées … Que ça n’est pas plus cher que ces produits industriels insipides emballés dans du plastique, que c’est même beaucoup moins cher et avec un goût quand même incomparable.

C’est aussi une façon de refuser que le local meure, que les petites fermes et les petits paysans s’épuisent et qu’on ne trouve plus dans nos campagnes que de rares exploitations, gagnées peu à peu elles aussi par des normes de production proches de l’industrie.

Consommer autrement dans Ca va mieux en le disant ... imagesca43pxgq

 

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