De belles vendanges …
2012 aura été vraiment je crois un bon millésime .. Un très bon, même. Où tout s’est justement mis en place, à chaque fois de la meilleure manière possible, au bon moment, comme nous le souhaitions …
Bien sûr l’année a été un peu compliquée, nous avons perdu notre Pinot, ravagé d’abord par les brebis puis par le mildiou, bien sûr nous avons aussi perdu une partie du Viognier, réduisant à néant mes espoirs d’une belle cuvée de blanc, ensuite les vignes ont eu soif, terriblement. Mais finalement … Les belles baies étaient bien là, au rendez-vous, et même si nous avons du céder quelques rangées de grenache aux sangliers, cette récolte sera sans doute la plus importante en terme de quantité depuis le début de nos vinifications.
A l’heure où j’écris, les vendanges ne sont pas encore terminées ! Ainsi que je le souhaitais depuis un bon moment, nous avons vendangé chaque parcelle en plusieurs passages, choisissant à chaque fois les raisins les plus mûrs, les plus proches de ce que l’on recherche pour chaque cuvée. Un travail long, exigeant, qui étale la récolte des derniers jours d’août au … 10 octobre puisqu’il nous reste encore une dizaine de rangées de grenache à cueillir !
Je place énormément d’espoirs dans le résultat de cette méthode. Des assemblages plus complexes, des expressions différentes de chaque cépages, des acidités plus ou moins prononcées …
Du coup, dans les vinifications, c’est très disparate : ici une malo est terminée, la première de l’année, elle a eu lieu sur la cuvée récoltée fin août, ayant bénéficié des chaleurs de septembre, ici une fermentation alcoolique vient de se finir dans la nuit, là une autre est en plein milieu, là encore une autre débute tout juste … Des chapeaux se posent sur les cuves, des bondes se referment, tandis que le mustimètre colle encore un peu du jus d’une autre cuve. Ca sent bon, c’est beau, ce n’est pas fini et c’est tant mieux : ces moments magiques, qui peuvent être si stressants et angoissants lorsque des problèmes pointent le bout de leur nez (comme l’an dernier, les blocages de fermentation, les montées de volatile … ), sont à savourer lorsque tout va bien.
Maintenant, il va être temps de saisir les derniers grenache sur pied, (enfin ce que les sangliers auront bien voulu nous laisser), une dernière journée, sortir encore les caisses, les sécateurs, préparer un bon repas de vendanges, celui de la fin, celui où on boit un peu plus parce qu’on sait que ce n’est pas grave si l’après midi ça n’avance pas trop vite, pas grave si on finit un peu tard, c’est le dernier jour … Une dernière fiche dans le cahier des cuves, une dernière courbe de densité à écrire …
La vigne elle-même nous prévient que c’est l’heure de la soulager des derniers raisins : elle se pare de ses couleurs d’automne, vide ses dernières forces, jaunit, rougit, roussit, puis tombent déjà les premières feuilles sous les bourrasques.
Le vent du soir ne s’y trompe pas, il fait bien frais sur notre colline : l’automne est là.
Quelques photos des vendanges :
D’autres photos suivront lorsque j’aurai un peu plus de temps (…)
Pour finir, un grand, énorme MERCI à toutes les petites et grandes mains qui se sont succédées pour venir nous aider, que ça soit pour cuisiner de bons petits plats, pour coller des étiquettes, pour rincer une cuve ou trier des raisins … Merci aussi à Philippe, Sébastien, François, nos amis vignerons toujours présents pour répondre au téléphone, aux mails, aux questions et angoisses du moment.
Les vendanges, ce moment si particulier où tout le travail d’une année se joue en quelques jours ou semaines, est avant tout une belle aventure humaine, sans tous ces bras, ces mains, ces volontés, nous ne pourrions pas faire notre vin.
Sans quelqu’un pour répondre vite aux interrogations que se posent et se poseront encore longtemps des novices comme nous, les choses seraient moins évidentes. La solidarité entre vignerons est absolument fondamentale … Je ne le dirai jamais assez : dans un métier comme celui-ci, solitaire, exigeant, parfois cruellement ingrat, seule cette solidarité, cette entraide, réchauffe le coeur et permet d’aller de l’avant.
J’ai lu il n’y a pas longtemps dans un chouette bouquin dont j ai oublié l’auteur, qu’être paysan, c’est être relié à la terre et donc aux humains qui l’habitent. A méditer …